Chère Arlette, par Arlette Cousture

17 avril 2017 | Culture

Dans les années 80 et 90, le Québec tout entier vibrait au rythme des Filles de Caleb. Tout d’abord en livres, par la suite grâce à la série télévisée que la trilogie a inspirée. Le public était en pâmoison devant l’histoire d’amour compliquée entre Ovila et sa «belle brume» Émilie Bordeleau ainsi que les personnages qui gravitaient autour de ce duo. Trente ans plus tard, Arlette Cousture récidive avec Chère Arlette, court livre où 10 personnages de cette célèbre saga règlent leurs comptes.

Crédit : Radio-Canada

« Quelle ne fut pas ma surprise de me voir personnage dans un de vos livres, un peu comme Pinocchio était apparu dans un texte de Carlo Collodi ! Tout fictif que je sois, vous m’avez donné une vie, un souffle et un cœur, et c’est bien parce que vous m’avez créé que je m’octroie le droit de vous en remercier tout en vous maudissant. » Henri DouvilleTrente ans. Incroyable. Il y a plus de trente ans, je travaillais à un livre qui s’est révélé exutoire, loisir et paratonnerre contre les aléas de la vie. Les fins de semaine, les soirs où je n’avais pas de cours, les vacances… tout le temps. Loisir à plein temps envers et contre tout, malgré la défaillance de ce corps qui m’avait pourtant si bien servi.Je me suis donc demandé comment il m’était possible de remercier un livre. J’y ai pensé pendant près d’un an.Encore une fois, ce sont mes personnages qui m’ont inspirée. Sans se concerter d’aucune façon, ils m’ont écrit, qui pour me dire son bonheur, qui pour me parler de sa mort trop hâtive, qui pour me vilipender.Dix lettres inattendues, étonnantes. Émilie, Napoléon, Ovila, Blanche, Douville, Côme… Oh, le bonheur de les retrouver, autrement, différents et ailleurs.Arlette Cousture

Je devais avoir 13 ou 14 ans quand j’ai mis le nez pour la première fois dans la célèbre trilogie Les Filles de Caleb. J’avais bien vu la série en reprise à la télévision ( elle a été diffusée de 1990 à 1991, et je suis née en 1991), mais l’univers livresque sur laquelle cette dernière portait m’interpellait. C’est donc grâce à la bibliothécaire de la pas-si-superbe-que-ça biblio de mon école secondaire (Havre-Jeunesse pour ne pas la nommer) que j’ai mis la main sur le premier tome. Il n’en fallait pas plus pour dévorer la saga complète.C’est franchement une série que j’ai adorée. Je lis énormément et je suis encore en mesure de me rappeler certains passages. C’est peu dire. Vous comprendrez donc ma joie, mais aussi ma surprise, à l’annonce contre toutes attentes d’un «nouveau» livre de cette saga.À proprement parler, Chère Arlette n’est pas vraiment une suite, c’est plutôt un espèce de livre hors-série. Ça vient boucler la boucle pour certains personnages que l’on voyait peu, ou d’autres qui n’ont peut-être pas eu le temps de dire leur dernier mot. C’est plaisant de retrouver des personnages que j’ai tant aimés de cette façon. Surtout que dans le concept de lettres, une lettre pour chacun des 10 personnages les rend un peu plus réels.

Arlette Cousture Crédit : Journal de MontréalCeux-ci s’adressent tour à tour à l’auteure Arlette Cousture pour lui partager leurs états d’âmes, ce qu’ils auraient changé dans le cours de leurs histoires ou tout simplement pour régler leurs comptes. Dans toutes les lettres proposées, mes préférées ont été Émilie, Clovis (le premier mari de Blanche, fille d’Émilie, et Marie-Louise (meilleure amie de Blanche). Ces trois lettres étaient les plus justes sur le ton, la forme et la pertinence. J’ai eu une déception quant à celle d’Ovila, mais en même temps, elle était complètement caractéristique du personnage.Je me suis délectée de cette courte oeuvre qui complète à merveille Les Filles de Caleb. Le seul bémol, c’est de tarder parfois à comprendre de quel personnage il s’agissait, étant donné que leur nom arrivait à la toute fin de chacune des lettres. Sans oublier que pour le format, le prix est un peu cher.Sommes toute Chère Arlette, c’est un cadeau inespéré et une excellente idée. C’est le concept idéal que plusieurs auteurs devraient garder en tête au lieu de faire «le livre de trop» dans leur série.Chère Arlette ? Merci de m’avoir donné la chance de retomber en amour avec une lecture marquante de mon adolescence.

Crédit : Libre Expression

*Merci à Libre Expression pour l’envoi de ce livre