Le problème de la littérature jeunesse

28 mai 2017 | Culture

Dans la littérature, s’il y a quelque chose que je déteste, c’est bien la réduction d’un genre. Que ce soit la «chick-lit», le polar ou le jeunesse, ça me pue au nez.Bien que ces genres s’adressent à des publics différents, il n’en reste pas moins que le processus de création est le même. La littérature a ce pouvoir de rejoindre petits et grands et de dépasser les barrières des générations. J’avais 11 ans que je lisais déjà des briques pour adultes.À 13 ans, je lisais Écoute le rossignol de Charlotte Bingham, une histoire teinté un peu à la Harlequin. Je lisais donc des romans dits «pour adultes». À quelques jours de mes 26 ans, je lis de tout incluant du «jeunesse». Le dernier en liste? Nelly, L’adaptation T.1 de Sylvie Payette.

Crédit : La RouquineMarie Fradette, dans un article dans Le Devoir, revient sur le livre documentaire Je ne suis pas un auteur jeunesse de Vincent Cuvellier.https://www.facebook.com/ledevoir/posts/10155115655395528Selon ce dernier le problème avec la littérature jeunesse est celui-ci :

Nous, en jeunesse, on a un problème : c’est qu’on s’adresse à des enfants. Et à ce titre, on ne peut pas être considérés sérieusement. Ce qui revient donc à dire que dans les livres pour enfants, le problème ce n’est pas le mot livre, c’est le mot enfant. […] La société est incapable de voir comme une évidence que les oeuvres culturelles qui lui sont destinées sont du même niveau que les oeuvres destinées aux adultes… »Et il a raison. La qualité des oeuvres jeunesse (un genre fort populaire et lucratif au niveau des ventes) est équivalente à celle des oeuvres adultes. Si ce n’est pas parfois plus. Il est faux de dire que parce que quelqu’un écrit pour les jeunes que c’est plus facile que le faire pour les adultes.

Approche différente

Le monde littéraire à une manie, celle d’étiqueter un manuscrit selon l’âge. Ce n’est pas une mauvaise approche, le domaine du jeu et des films fait la même chose. Par contre, on dirait parfois que l’oeuvre justement s’arrête à ça.

  • «Il s’agit d’un livre pour les 10 et moins, celui-ci pour les 13 ans et plus.»
  • «C’est un livre pour enfant»
  • «C’est de la littérature jeunesse»

Trois phrases utilisées ad vitam aeternam pour identifier le genre. Rarement on parlera du style ou du processus créatif de ceux-ci. On met plutôt de l’avant les thèmes, le résumé et toujours l’âge. Si vous prenez un petit deux minutes, vous verrez que l’approche envers ses livres est fortement différente de celle pour les adultes. Pourquoi? Je ne sais pas, mais souvent ça en devient réducteur et je trouve ça très triste.

Crédit : La RouquineJ’ai un neveu à qui je ferai lire les livres dont il a envie de lire, et ce, peu importe l’âge prescrit. J’ai deux belles-filles (les poulettes de mon copain) qui aiment lire des histoires et je me ferai un plaisir de leur en faire découvrir. Selon leurs envies, selon leur niveau de lecture.Mais surtout, je ne m’arrêterai jamais à l’âge inscrit, parce qu’écrire un roman, pour le faire depuis quelques années déjà, ça prend beaucoup de courage et de travail et que jeunesse ou adulte, il en va du même processus, du même travail et de la même qualité.

«C’est un peu, dit-il « comme si je disais calmement que j’écrirais bien une symphonie, ou que je ferais bien une expo de sculpture, un jour […] ben non, tout le monde ne peut pas écrire un roman du jour au lendemain. C’est un travail, ça s’apprend, quoi ».» – Citation de Vincent Culliver tirée de l’article dans Le Devoir

Le problème de la société, c’est de ne pas avoir l’esprit ouvert et de vouloir à tout prix faire entrer quelque chose dans un moule. C’est aussi de dévaluer une chose parce qu’elle s’adresse à un public plus jeune comme s’il était moins intelligent. Au contraire, vous pourriez être surpris.