Les Superbes : réflexion, apprentissage et défaut

7 septembre 2017 | Culture

Ça m’a pris un moment avant de vous jaser des Superbes : une enquête sur le succès et les femmes que j’ai bien aimé, parce que j’ai pris le temps de réfléchir après une discussion très enrichissante avec une connaissance.La lecture d’un livre d’entrevues sur un tel sujet demande une certaine réflexion. Il y a tant de choses à assimiler et sur lesquelles nous devons nous questionner. La plupart des entrevues réalisées par Léa Clermont-Dion et Marie-Hélène Poitras sont phénoménales, pertinentes ou amènent des points de vue différents sur le succès des femmes. Mais… il y a un mais.

Photo : Alexandra Philibert

Résumé :SUPERBE, n. f. : Assurance qui se manifeste par l’air, le maintien, la prestance. Qui est plein de magnificence et donne une impression de grandeur. Contraire d’«humilité».Que se passe-t-il quand les femmes réussissent? Ce livre, qui célèbre et interroge à la fois le succès chez les femmes, tente de l’expliquer. Les superbes qui s’y expriment y contribuent en racontant comment, lorsqu’elles ont accédé à une position de pouvoir ou de prestige, elles ont constaté que leur genre continuait d’influencer les attentes et les perceptions. C’était manifeste dans le milieu où elles se sont illustrées, bien sûr, mais aussi dans la société en général et, intimement, dans leur manière d’aborder leur carrière et leur identité.Avec les contributions de:Ericka Alneus, Louise Arbour, Chris Bergeron, Hélène Charron, Cœur de pirate, Martine Delvaux, Pauline Gagnon, Mitsou Gélinas, Anna Goodson, Elise Gravel, Stéphane Harvey, Amir Khadir, Fabienne Larouche, Widia Larivière, Sonia LeBel, Perrine Leblanc, Marie-Christine Lemieux-Couture, Joanne Liu, Marie-Mai, Pauline Marois, Noémi Mercier, Rafaël Ouellet, Francine Pelletier, Mariloup Wolfe.

Ambiguïté

Je suis ambiguë face à cette lecture. D’un côté, la plupart des entrevues réalisées sont phénoménales, pertinentes ou amènent des points de vue différents sur le succès des femmes. De l’autre, il y a un problème, il y a un manque de diversité, donc de nuance.

Photo : Alexandra PhilibertBien que ce livre m’a permis de remettre beaucoup de choses en perspective et m’a même donné quelques pistes sur le succès féminin, il lui manque un gros morceau. Comment peut-on définir le succès féminin si l’on offre des entrevues avec 98% de femmes blanches? Ce que je veux dire, c’est que je ne crois pas que le succès féminin soit vécu de la même façon par une femme blanche, une femme noire, une femme autochtone, une femme handicapée, une personne transgenre *, etc.Pour moi, le succès féminin n’est pas mesurable ni pareil. Il est extrêmement difficile pour les femmes des minorités culturelles. Femmes qui ne sont que très peu représentées dans cet ouvrage. Beaucoup de femmes sortiront de cette lecture inspirées et c’est bien ainsi, mais c’est un peu comme si on avait mis une boite de pandore sous le tapis, encore une fois. Malgré la beauté de Les Superbes, il m’est impossible de fermer les yeux là-dessus.Oui, les entrevues sont bien rendues. Oui, elles proviennent de plusieurs domaines. Oui, elles sont ultra intéressantes. Léa et Marie-Hélène ont bâti un bel outil et ouvert la réflexion. Malheureusement, avec le manque de nuance palpable – dont plusieurs lecteurs/lectrices ne se rendront peut-être même pas compte – elles restent en surface. En excluant la plupart des minorités culturelles, elles laissent la réflexion en l’air sans creuser plus loin.

Photo : Le PigeonNe vous méprenez pas, j’ai aimé cette lecture. Par contre, il m’est difficile de l’apprécier totalement en sachant que les auteurs ont fait abstraction d’une réalité importante dans le succès féminin.

Photo : Les Libraires

* Merci au Groupe Librex pour l’envoi.