Témoignage : Accepter la mort

19 mars 2018 | Style de vie

Décrire l’inexplicable, toucher l’inexistant, saisir l’intouchable et croire le surnaturel. Vivre l’incroyable, comprendre l’insensé, aimer le détestable et voir l’invisible. Réaliser l’illusoire, rêver et démontrer l’improuvable.Jacques Salomé

Comment trouver les termes exacts pour essayer de rendre le plus juste des témoignages? Comment satisfaire mes besoins de toujours pour assouvir mes nombreux questionnements reliés à tous raisonnements? Comme si deux mondes parallèles voulaient se fondre l’un dans l’autre.Je suis sobre en admettant qu’il soit sain de ne pas se réduire à la destinée de la vie. Je souligne ici le passage de la mort, transition dite normale de la vie sur Terre, pour me freiner les projets. J’ai les souvenirs un peu embrouillés par la douleur à laquelle mes émotions se sont réduites depuis que j’ai côtoyé ce grand mot à connotation malsaine qu’est la mort.

Sans manuel d’instructions

Ça ne vient (malheureusement) pas avec un manuel d’instructions qui pourrait éventuellement aider à vivre avec cette sensation de grand vide. Cet immense manque laissé par ceux qui nous ont quittés trop tôt. Tristement quand la mort vient cogner à notre porte, il faut se résoudre à l’accueillir à bras ouverts et faire avec en essayant de patcher du mieux qu’on peut cet immense vide laissé promptement.

Photo : Kendall Lane

Je voudrais que tu sois-là… Je voudrais que tu m’accompagnes encore le temps de quelques-uns de mes pas. Je voudrais te voir et te serrer contre moi. J’aurais donné n’importe quoi pour que la planète cesse de tourner et que tu sois toujours autant rayonnant à mes côtés.

Ça peut sembler loufoque, mais je garde en tête que chaque expérience de vie arrive pour une raison précise. Le choc d’apprendre ce décès fut tel que tel. J’ai fondu en larme après avoir reçu l’appel des médecins m’annonçant le pire. Des larmes ont tout doucement glissé le long de mes joues. J’ai passé le revers de ma main pour adoucir mes sens. J’ai répliqué la voix rauque, rongé par le trémolo un pardon des moins audible. Bouche bée.Incapable de presser la touche pour raccrocher. Sidérée. J’en ai eu le souffle coupé. Je suis restée debout au milieu du rythme effréné de la vie. Tourbillonnant au cœur de ce brouhaha, la chair de poule s’est invitée sur mon corps m’envahissant au plus profond de mon ventre. Ça fait mal ce silence qui balaie chacune de mes cellules. Un sentiment de dégoût envers l’existence humaine s’en est dégagé. Un bruit sourd a caressé mes tympans, m’enlaçant maladroitement. Mon amertume envers la mort n’a pas été chérie très longtemps.

Mais après ?

Mon apprentissage afin de composer avec cette nouvelle réalité, ce monde sans le rayonnement de cette personne a été sain. De meilleurs jours que d’autres, oui. Une date encrée pour le reste de ma vie sur le cœur, aussi. Je ne dis pas que les larmes ne se sont pas déversées sur mon sourire plus d’une fois.

Photo : Peter BucksJe vis ce qui se trame sur ma route sans me taper sur la tête, en essayant au mieux de mes capacités d’être authentique avec moi-même. Je pleure quand j’ai envie de pleurer, mais je sais qu’une fois cet ouragan passé le soleil brillera de plus belle.Ce texte n’a pas été rédigé par La Rouquine, il s’agit d’une collaboration de Frédérique Raymond.Vous êtes intéressé à faire de même (anonymement ou non) ? Écrivez à La Rouquine au [email protected]